SURDIAGNOSTICS

Publié le par cancer sur ordonnances

100 milliards de dollars dépensés chaque année pour des traitements de chimiothérapie toxiques qui causent des dommages aux patients et des effets secondaires appelés « cerveau chimio », un groupe d’experts du cancer commissionnés par l’Institut National du Cancer a admis publiquement il y a deux ans que des dizaines de millions de « cas de cancer » n’en étaient pas du tout.
 
Rappelons que dans les récentes années, des études ont mis en évidence le surdiagnostic et le surtraitement de plusieurs cancers, notamment ceux du sein, de la prostate, de la thyroïde… Une étude publiée ce mois-ci dans le JAMA Internal Medicine indique que près d'un cancer du poumon sur 5 détecté avec la tomographie par ordinateur est à croissance lente et peu susceptible de causer un préjudice réel. Ces surdiagnostics sont susceptibles de causer un tort considérable en raison du (sur)traitement.
 
Une analyse d’études randomisées de dépistage à grande échelle montre que 20% des cancers du sein dépistés par mammographie, jusqu’à 60% des cancers de la prostate dépistés par dosage du PSA et autour de la moitié des cancers du poumon dépistés par radiographie et analyse des expectorations relèvent du surdiagnostic
 
Le surdépistage des cancers en est une facette particulièrement grave, compte tenu des conséquences extrêmes qu’elle peut induire (procédures inutiles et risquées, médicamentation très lourde qui peut être mortelle (un analogue agoniste GnRH (Enantone/Eligard/Viadur, Décapeptyl, Zoladex…) chez un homme de plus de 70 ans ayant des facteurs de risque cardiovasculaires risque beaucoup plus de le tuer qu’un cancer de la prostate – avant ou après lui avoir rendue la vie très pénible).
 
«Cet article confirme que le surdiagnostic est un problème fréquent dans les cancers d’évolution lente comme ceux de la thyroïde et surtout ceux de la prostate »
 
alors que les études cherchant à vérifier s’il s’en trouve quelques-uns qu’on aurait aidés se contredisent, il y a consensus que la plus grande partie ont été traités pour une maladie qui ne les aurait jamais affectés.
 
Selon des scientifiques, le dépistage du cancer du sein entraîne un surdiagnostic suite auquel beaucoup de femmes auront des interventions chirurgicales et des chimiothérapies inutiles
 
On peut donc estimer le nombre moyen de surdiagnostics à une centaine par jour en 2008, sans compter les cancers « in situ ».
 
La question n’est plus de savoir si, mais combien de fois, il se produit
 
dans les pays avec les programmes organisés de dépistage est d'environ 50%
 
Plus de 500.000 personnes auraient été surdiagnostiquées…
L’épidémie de cancers de la thyroïde observée ces vingt dernières années dans certains pays serait en majorité due au surdiagnostic. Un cancer peu susceptible de provoquer des symptômes au cours de la vie d’une personne ou d’entraîner la mort aurait été détecté chez 500.000 personnes dans le monde.
Le Centre international de la recherche sur le cancer (CIRC/IARC) basé à Lyon (Rhône), dont l’étude a été publiée jeudi dans le New England Journal of Medicine, a en effet évalué que plus de 470.000 femmes et 90.000 hommes auraient fait l’objet d’un surdiagnostic de cancer de la thyroïde en vingt ans et dans 12 pays développés (Australie Danemark, Angleterre, Finlande, France, Italie, Japon, Norvège, République de Corée, Ecosse, Suède et Etats-Unis).
En Australie, France, Italie et aux Etats-Unis, le surdiagnostic est évalué entre 70 et 80 % par les chercheurs, contre 50 % au Japon et dans les pays nordiques. Le Dr Salbatore Vaccarella, qui a dirigé l’étude, précise que l’exemple le plus frappant est celui de la République de Corée, avec 90 % des cas observés pouvant relever du surdiagnostic entre 2003 et 2007.
En outre, « la majorité des cancers surdiagnostiqués ont été traités par des ablations complètes de la thyroïde, souvent associées à d’autres traitements nocifs comme l’ablation des ganglions du cou ou la radiothérapie, sans bénéfices en termes d’amélioration de survie », déplore le Dr Silvia Franceschi, un des auteurs de l’étude.
Ces tumeurs sont en effet, la plupart du temps, des micro-cancers dont le pronostic est bon, avec une survie proche de 99 % à 20 ans. Selon les chercheurs, ces pathologies pourraient ainsi faire l’objet d’une surveillance rapprochée, mais sans traitements agressifs d’emblée
 
15 à 25% pour ceux du sein. Selon eux, le problème serait aussi fréquent dans les tumeurs de la thyroïde
 
extrait du livre de feu sylvie Simon, Information ou désinformation ? La manipulation médiatique et politique en matière de santé
"D'ailleurs, l'examen de femmes"saines" agées de plus de cinquante ans ne révèle en moyenne que deux ou trois cas pour mille femmes examinées.Ni les frottis, ni les mammographies ne peuvent donc être considérés comme de bons tests. En effet sur cent tests "positifs", 90 à 99% d'entre eux sont des "faux positifs"
 
Est-ce un effet pervers du dépistage ? « Tout a commencé dans les années 1980 avec les échographies à disposition », analyse le professeur Schlumberger. « On s'est mis à en faire à tout bout de champ même, quand à la palpation, la thyroïde paraissait normale. » Le nombre de petits nodules ainsi repérés a augmenté. Or, seuls « environ 5 % des nodules thyroïdiens sont des cancers », précise l'endocrinologue. « Puis on s'est mis à faire des cytoponctions pour préciser la nature d'anomalies de plus en plus petites. On est ainsi allés chercher des problèmes qui n'existaient pas. »
Des intérêts financiers sont-ils en jeu ? Personne ne le dira ouvertement. Mais les surdiagnostics servent des intérêts dépassant ceux des patients, qui vivent, eux, terrifiés par l'annonce d'un diagnostic où le mot cancer résonne comme une épée de Damoclès. Ils sont « relativement peu enclins aujourd'hui » à s'entendre proposer l'option surveillance d'une grosseur jugée indolente et de bon pronostic à long terme par leur médecin, relèvent aussi bien l'endocrinologue que la présidente de Vivre sans thyroïde. Le traitement à vie par lévothyroxine, hormone de synthèse en comprimés quotidiens, destinée à remplacer celle que ne produira plus la thyroïde fait en revanche les affaires des laboratoires qui la produisent.
 
Et si, au lieu du cancer, c'était au traitement que vous aviez "survécu"
Nicole Delépine :A force de multiplier les dépistages de tous types, nous allons tous devenir des survivants du cancer !
Pendant des décennies, il a été affirmé péremptoirement et sans preuve scientifique que plus le diagnostic d'un « cancer » était précoce plus on avait de chances d'en guérir. Cet argument était peut être vrai dans les années 60 lorsque le traitement se résumait à la chirurgie et qu'on ne guérissait guère plus de 30% de malades mais il ne l'est pas aujourd'hui. Le dépistage organisé a transformé des monceaux de gens normaux, chez lesquels on a trouvé quelques cellules malignes, en cancéreux. Ils ont subi examens complémentaires, opérations et traitements médicaux (chimiothérapie) et/ou radiothérapie et ont été ensuite déclarés « guéris ». Cela a permis de faire croire à une épidémie galopante du cancer et en même temps aux progrès rapides de la médecine puisque le taux de guérison des cancers augmentait également très vite (on guérit facilement les cancers qui n'évoluent pas). Beau doublé !
 
S’il était ministre de la Santé, le Dr Turcotte abolirait tous les examens annuels sur des bien portants, toutes les campagnes de vaccination antigrippale, tous les tests de dépistage systématique (le mot est important) de cancer du sein, de la peau, de la prostate ou du côlon.
Pour le cancer de la prostate, un homme sur 1000 en mourrait prématurément. Les 999 autres décèdent avec leur cancer, mais pas à cause de lui. « Le traitement est souvent pire que la maladie, croit le médecin. Depuis 1992, on a les études qui démontrent que les mammographies sont inutiles. Même chose pour la prostate : ça fait bientôt six ans qu’on dispose de preuves en platine que ces tests (PSA) devraient être arrêtés. Tous les hommes de plus de 60 ans ont un cancer de la prostate, mais il va se développer tellement lentement que ça va nous faire mourir après notre mort. »
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